Pascal Nogré «Je me suis dit qu’un jour ce serait mon tour»

Pascal Nogré, 50 ans, est Meilleur Ouvrier de France couverture, président du concours MAF (Meilleur Apprenti de France) 49, formateur pôle couverture, référent régional en couverture au sein du BTP CFA Maine-et-Loire et chargé des achats… un CV bien rempli, pour un professionnel passionné.

Comment vous êtes-vous dirigé vers cette profession?

Plus jeune, mon souhait n’était pas de suivre la voie familiale, bien que je sois issu d’une famille de couvreurs. Je désirais être ébéniste, mais mon père n’a pas voulu. Je suis donc entré en apprentissage couverture en septembre 1989 pour passer un CAP de couvreur-zingueur au CFA Aforbat de Belle-Beille à Angers. En juillet 1991, j’obtiens mon CAP couverture, major de ma promotion. En septembre 1991, je décide de poursuivre ma formation en m’inscrivant au BP (brevet professionnel) couverture dans le même CFA. J’ai l’opportunité de passer en même temps le certificat de l’École supérieure de couverture d’Angers, école unique reconnue en France et dans le monde. En février 1993, j’obtiens mon BP couverture, encore major de ma promotion, ainsi que le certificat de l’École supérieure de couverture. En août 1993, je suis sous les drapeaux à l’École d’application du génie, pour une durée de quatorze mois. Pendant le service national, j’obtiens le grade de sergent, qui aurait pu me conduire à une carrière militaire ; j’en décide autrement, et rendu à la vie civile, je retourne travailler en entreprise. En 1999, je crée ma propre structure artisanale de couverture-zinguerie à Brainsur-l’Authion [Maine-et-Loire, NDLR]. Une très bonne expérience sur le plan de la gestion et de la communication: j’avais un peu plus de mille clients. En 2013, je décide de transmettre mes savoirfaire et compétences à la nouvelle génération de couvreurs. Je rentre, en tant que formateur technique et pratique, au BTP CFA du Maineet-Loire (voir page 20) où je dispense des cours de CAP mention zinc, de BP, ainsi qu’à l’École supérieure de couverture d’Angers.

Pourquoi avez-vous passé le concours de MOF ?

L’idée de me présenter au concours remonte à 1994, lors de l’exposition des œuvres en couverture ornemaniste au parc des expos d’Angers. Je me suis dit qu’un jour ce serait mon tour. Les années passant, je me suis donc mis à mon compte, puis je suis devenu formateur… Mon quotidien, moins chargé, permettait d’envisager de participer au concours. En 2016, lors de l’ouverture de sa 26e édition, j’ai senti que j’étais prêt, aussi bien professionnellement que psychologiquement. Je me suis inscrit, j’ai passé les qualifications et réalisé l’œuvre. On connaît la suite…

Interview

Comment votre concours s’est-il déroulé?

L’œuvre a nécessité mille deux cents heures de travail sur un an, ce qui fait une moyenne de vingt à vingtcinq heures par semaine en plus de votre quotidien. Sept matériaux différents sont mis en œuvre : l’ardoise naturelle (ardoise d’Angers), la terre cuite, le zinc, le cuivre, le plomb, l’aluminium, et pour finir la latte de châtaignier. La charpente a été réalisée par mes soins. Toute cette articulation de matériaux a été mise en œuvre suivant un cahier des charges rigoureux. Des choix techniques et harmonieux ont été nécessaires pour la réalisation d’un tel ouvrage. Le fait de travailler sur l’œuvre m’a permis de montrer des compétences gestuelles ou techniques, de me remettre en question à chaque étape de l’avancement, et de mettre en œuvre de nouvelles techniques, donc de faire toujours mieux et d’aller plus loin afin d’acquérir l’excellence. Cela a été une très bonne expérience professionnelle.

Que représente ce titre pour vous ?

Être un des Meilleurs Ouvriers de France, c’est avoir réussi un concours exigeant qui a nécessité des heures de préparation en plus de son activité professionnelle. C’est recevoir la reconnaissance de sa profession et de la nation, unies par les valeurs d’excellence professionnelle, d’innovation et de transmission. Ce résultat n’est pas qu’un travail personnel, c’est pour cela que je remercie mes partenaires pour leur accompagnement aussi bien financier que logistique, matériel et humain. Le titre «Un des Meilleurs Ouvriers de France» ne s’obtient pas seulement par un savoir-faire et une technique exceptionnels que le monde nous envie au travers de notre merveilleux patrimoine, mais aussi grâce au soutien des amis, de la famille – c’est-à-dire mon épouse et mes enfants –, puisqu’il demande énormément de sacrifices sur le temps personnel. Merci à eux.

Que vous a-t-il apporté?

Être en possession de ce titre est donc une satisfaction personnelle et aussi une reconnaissance, puisque nous accédons à l’excellence. Cela me permet de mieux mettre en valeur mon métier auprès des jeunes, de transmettre ma passion et de leur donner l’envie et la rigueur, tout en sachant rester humble. Les engagements que l’on doit respecter sont statués en dix principes qui composent la charte des MOF. Pour résumer en quelques mots: volontaire, soucieux, exemplaire, comportement, progrès, création, innovation, modestie, générosité et écoute.

Continuez-vous à vous intéresser au concours?

Actuellement, je suis acteur au sein des MOF, en tant que président départemental du concours MAF du Maine-etLoire – département qui compte le plus grand nombre d’inscrits et de lauréats –, organisé par des bénévoles MOF et non MOF (jury, formateurs, enseignants, établissements de formation, partenaires, accompagnateurs…). J’en suis fier, surtout du fait de mettre en lumière tous ces jeunes MAF qui sont nos ambassadeurs de demain. La voie de l’apprentissage est une voie d’excellence. Je suis responsable métier en couverture, zinguerie et ornement, ainsi qu’auteur de sujets pour le concours MAF, et juré aux épreuves départementales, régionales et nationales. Un emploi du temps bien chargé… Je finirai par cette maxime: «Mieux vaut vivre avec des souvenirs qu’avec des regrets, et surtout persévérer et ne rien négliger.»

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