Edilians, ou l’art de l’ancrage régional

Géant national du secteur de la tuile, edilians n’oublie pas pour autant de jouer la carte locale. le fabricant en fait même sa force, en respectant autant que faire se peut les traditions et les styles de toiture dans les régions où il propose ses produits – simplifiant l’équation grâce aux usines implantées sur place. reportage au coeur de la production, récemment modernisée, de l’usine de phalempin, dans le nord.

 

Le chevron est la marque de fabrique de la tuile Phalempin.

La Phalempin. Ce nom vous dit quelque chose ? Si vous êtes couvreur ou féru d’architecture du nord de la France, c’est normal. À l’image du Frigidaire ou du Kleenex, le modèle Phalempin proposé par Edilians est devenu un nom de tuile à part entière. On ne pose pas le modèle Phalempin, référence quelconque, mais bien LA Phalempin, une tuile réputée pour son simple nom et surtout son décor en chevron, que l’on retrouve dans une bonne partie du nord de l’Hexagone, ainsi qu’en Belgique et en Grande- Bretagne. Il est vrai qu’elle fait partie des onze appellations terroirs proposées par la marque anciennement connue sous le nom d’Imerys Toiture. Le groupe, leader en France, propose 76 modèles de tuile et 320 coloris, pour un chiffre d’affaires de
320 millions d’euros (exercice 2020)… mais demeure très attaché à son ancrage territorial. L’un n’empêchant heureusement pas l’autre, Edilians capitalise sur cette orientation en réaffirmant sa stratégie à grands coups d’investissements sur le site historique de Phalempin pour moderniser l’outil de production. « Nous préférons investir dans les usines locales et préserver cet ancrage, car nous sommes tributaires des spécificités régionales », affirme clairement Pascal Casanova, président d’Edilians depuis début 2020.

Site historique
Au-delà de son attachement régional, l’usine de Phalempin est avant tout une implantation historique du groupe Edilians. Officiellement fondée en 1918, elle est bâtie sur une veine d’argile et sur le site d’anciennes tuileries dont les traces remontent jusqu’aux années 1860. Acquise en 1962 par le Comptoir tuilier du Nord (CTN), la Tuilerie de Phalempin est rachetée en 1986 par Huguenot Fenal, qui deviendra rapidement une branche du vaste groupe industriel Imetal. Le groupe changera de nom en 1999 pour devenir Imerys et revendra sa division toiture, bientôt rebaptisée Edilians, en 2018… Plus d’un siècle et demi d’expérience donc pour ce site de 5,5 hectares, implanté en plein coeur de l’Artois à une vingtaine de kilomètres de Lille et approvisionné par une carrière de 6,1 hectares située à Wardrecques (Pas-de-Calais). Cette tradition territoriale est d’autant plus primordiale que la relation aux attaches, aux racines, est très forte dans la région. Pour preuve, les 36 collaborateurs travaillant sur le site résident tous dans un rayon de 30 kilomètres autour de l’usine. Sans oublier leur fidélité, qui va souvent de pair : l’ancienneté moyenne des collaborateurs de l’entreprise s’élève à neuf ans et quatre mois. « Voici quelques années, la moyenne était même de quinze ans de service, précise pour l’anecdote Matthias Van Agt, directeur d’exploitation, mais les générations changent, inéluctablement. »

La carrière de Wardrecques (Pas-de-Calais) se situe à une petite heure de route de l’usine.

Modernisation
Les générations ne sont pas les seules à changer : l’outil de production évolue lui aussi, sans que suive la qualification nécessaire des personnes à embaucher. « Nous avons beaucoup de peine à recruter, s’inquiète le directeur, nous avons parfois du mal à faire tourner l’usine à 100 % de ses capacités faute d’opérateurs qualifiés. » Un souci du présent pour le site et pour Edilians, mais une leçon pour le futur. Ne trouvant pas la main-d’oeuvre adaptée, le groupe va désormais la former lui-même au sein de sa propre académie, qu’il a relancée début 2021 avec des programmes en trois ans qui permettront aux diplômés d’être opérationnels sur tous les outils de production utilisés dans les différentes usines. Et des nouveaux outils, l’usine de Phalempin n’en manque plus (ou, en tout cas, moins qu’avant) grâce à la campagne d’investissements menée par Edilians. Une première phase de transformation de l’usine avait eu lieu en 2008 afin d’augmenter la capacité de production en modernisant l’un des éléments principaux de la ligne, le four. Et depuis 2016, c’est un nouveau plan de modernisation en deux parties qui a été lancé sur le site : une première tranche de 1,5 million d’euros pour l’acquisition d’une nouvelle mouleuse, la robotisation de la zone d’encastage, la conversion des logiciels d’automates ou encore la sécurisation et l’entretien des machines ; et une seconde de 2 millions d’euros pour la modernisation d’environ 25 % de la ligne de production via l’implantation de cinq robots. Flexibilité de la production et amélioration des conditions de travail ne sont que les valeurs ajoutées de ces changements qui vont progressivement faire changerd’ère la petite usine nordiste. Avec une unique ligne, un seul four et une capacité de production estimée à 1 540 m2 de tuiles par jour, le site de Phalempin demeure relativement modeste comparativement à d’autres usines du groupe, mais son importance perdure sur les marchés du Nord. « Malgré ces investissements, nous restons dépendants du seul four, nuance Pascal Casanova, mais nous avons largement amélioré le rendement réel. »

 

POUR LIRE LA SUITE DU REPORTAGE SUR EDILIANS, COMMANDEZ TOITURE MAGAZINE N°27 : JE COMMANDE 

 

crédit photo : Edilians

 

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