Des toitures à géométrie variable

POUR CES 22 BÂTIMENTS EN FORME DE GRANGES ET À TOITURES GALBÉES CONSTITUANT UN CAMPUS, EDILIANS AVAIT DANS SES CARTONS UNE TUILE TOMBANT À PIC, LA SEULE POUVANT HABILLER DES PENTES DESCENDANT JUSQU’À MOINS DE 45%. DÉCOUVERTE.

Al’est de Paris, Nexity, premier groupe immobilier français et expert de l’immobilier tertiaire durable, a été choisi par Deloitte, géant américain du conseil aux entreprises, pour la réalisation d’un campus de formation et de conférences. Le groupe a attribué à Besix et Dalkia Smart Building le contrat de construction de la Deloitte University Emea (Europe, Moyen-Orient, Afrique), dessinée par le cabinet parisien Dubuisson Architecture. Le projet, qui s’intègre dans le plan d’urbanisme régissant les environs de Disneyland, vise cinq certifications environnementales: Breeam Excellent, Énergie+ Carbone-, Biodiversity Excellent, Well Building Institute Gold et Cradle to Cradle.

S’intégrer dans l’environnement

La Deloitte University est implantée en pleine nature, sur les 15 hectares de la ZAC des Deux-Golfs de Bailly-Romainvilliers (Seine-et-Marne). Pour préserver le caractère verdoyant du site et bien s’intégrer à la dominante pavillonnaire dans lequel le projet s’inscrit, elle occupe le centre de la parcelle et privilégie une forte horizontalité, comme le décrit l’architecte Eric Lebrun, de Dubuisson Architecture : « En termes d’intention architecturale, les matériaux devaient être naturels afin d’exprimer une simplicité et d’entrer en adéquation avec l’environnement. La tuile, le zinc et le bois évoquent une architecture résidentielle, avenante et familière. Pour ce qui est de la volumétrie générale, l’intention était de la fragmenter afin de réduire son impact visuel et de conserver un projet à échelle humaine. Elle se décompose en plusieurs volumes tuiles qui accueillent les différentes fonctionnalités du projet. Ceux-ci sont reliés par des parties zinc qui abritent une rue intérieure et les espaces communs du projet. »

Différentes formes de toiture

La géométrie des toitures comporte de deux à six pans selon les bâtiments. Pour les plus petits d’entre eux, les charpentes sont constituées de fermes principales espacées. Dotées de la plus grande inertie possible, elles sont noyées dans les cloisons. Pour laisser le gabarit de passage sous porte libre, les entraits de ces fermes sont décalés. Des pannes secondaires sont prévues tous les 2,2 m environ pour porter le complexe de toiture. Ces pannes servent également à réaliser les formes de toiture puisque les fermes sont droites. Les fermes ainsi que les poteaux et jambes de force forment des portiques auto-stables dans le sens transversal et sont maintenus longitudinalement par les voiles de refend béton montés jusqu’en toiture. Les pannes, poutres, solives, traverses, entretoises et arbalétriers sont en bois lamellé-collé, LVL ou bois massif, et fixés par des ferrures. Ces bois sont marqués CE, issus de forêts labellisées FSC ou PEFC et certifiés AcerboisGlulam. Les coulures d’oxydation étant proscrites, le traitement classique des ferrures par « galvanisation à froid » (peinture à haut taux de zinc) a été écarté de façon à éviter les coulures grisâtres sur les éléments bois en cas d’intempéries. La pose des broches a été effectuée avec précaution afin de ne pas faire d’éclats au niveau de la protection contre l’oxydation des ferrures.

Structure béton et charpente bois

Thomas Wery, responsable du bureau technique Besix, détaille : « Il s’agit d’une structure béton (dalles, voiles, poteaux et poutres), supportant une charpente bois en lamellé-collé (parfois une charpente métallique ou mixte). Cette charpente est contreventée par des panneaux Unilin en toiture, posés sur le chevronnage. Selon les charpentes, les dimensions varient, mais les plus grosses pièces sont du lamellé-collé de 840 x 40 cm. Pour les façades, nous avons sur le béton une isolation thermique de 160 mm d’épaisseur, et des chevrons supportés par des équerres galva. Sur les chevrons sont disposées les lattes supportant la tuile. En tête, nous avons la tuile membron qui assure la connexion couverturebardage, ainsi que la ventilation haute. En pied, une grille perforée assurant la ventilation. Le brisis ou ressaut est un détail d’arêtier atypique présent sur ce projet. »

Peau continue

Afin d’intégrer harmonieusement dans leur environnement les 22 corps de bâtiment qui composent le campus, les différents fournisseurs en concurrence lors de l’appel d’offres ont dû faire face non seulement aux difficultés inhérentes aux formes inhabituelles des édifices, mais aussi aux exigences de l’agence d’architecture, qui voulait déployer en toiture et en façade une peau continue à la finition lisse, de la manière la plus homogène possible, et dont les couleurs et la solution retenues devaient être identiques. Cette condition excluait de fait tous les produits à grand pureau plat, dont l’effet d’écaille beaucoup trop prononcé risquait de rompre la fluidité de l’aspect recherché.

Paradoxe technique

Pour Éric Martinat, directeur développement produits chez Edilians, « il s’agit d’un projet hors normes, au propre comme au figuré. D’une envergure considérable avec près de 16 000 m², comprenant pose en bardage et en toiture, il s’appliquait à un ensemble de bâtis aux formes totalement inhabituelles avec, entre autres, des lignes de faîtage non horizontales, et des ruptures de pente en diagonale sur les rampants. «Après une analyse détaillée des plans, nous avons commencé à échanger avec l’entreprise générale et l’agence Dubuisson Architecture, pour com prendre les choix qui avaient été les leurs. Lors de ces échanges, il est apparu que l’exigence architecturale conduisait à deux contraintes totalement contradictoires: l’aspect tendu des rampants vers le bardage imposait une tuile plate, mais les pentes descendant jusqu’à moins de 45% en interdisaient la mise en œuvre, sauf à déployer une étanchéité complète sous la couche de tuiles. Solution techniquement validable, mais à l’impact économique rédhibitoire. »

Produit spécifique

Il a donc fallu utiliser un produit de type tuile plate, dont le plus petit format et la finition permettaient une diffusion harmonieuse des coloris tels que définis dans le cahier des charges. Or, de par la conception des bâtiments, la forme des toitures est absolument incompatible avec les performances d’étanchéité de toutes les tuiles plates existant sur le marché, qui ne sont pas autorisées à des pentes inférieures à 70%. Face à cette importante difficulté technique, Edilians a proposé la tuile terre cuite plate Stretto Huguenot, aux dimensions de 26,5 x 37 cm. Son système d’étanchéité breveté aux performances reconnues autorise une mise en œuvre sur des toitures jusqu’à 40%, permettant de satisfaire l’ensemble des exigences de l’architecte. Pour un effet aussi bien technique qu’esthétique particulièrement réussi.

Articles Similaires

Partager l'article

spot_img

Derniers articles