La prévention, plus que jamais

ALORS QUE LE BIEN-ÊTRE AU TRAVAIL VOIT SON IMPORTANCE S’ACCENTUER DEPUIS LA PANDÉMIE DE COVID-19, D’AUTRES PROBLÉMATIQUES, PLUS TERRE À TERRE, DEMEURENT AU PREMIER PLAN. EN TÊTE DE LISTE, LA SÉCURITÉ EST TOUJOURS AUSSI PRIMORDIALE, ET L’EFFORT DE PRÉVENTION N’A JAMAIS ÉTÉ AUSSI INDISPENSABLE.

D ans le monde du journalisme, c’est ce que l’on appelle un serpent de mer. À la différence du marronnier – plus connu mais moins adapté – qui aborde le plus souvent des thématiques aussi prévisibles que négligeables, le serpent de mer traite de sujets tout aussi récurrents, mais dont l’intérêt revêt une réelle importance. Et en l’occurrence, la sécurité est un enjeu suffisamment majeur pour être évoqué dans nos pages de façon répétée. Loin de refléter un hypothétique manque d’idées, aborder de nouveau le sujet permet de marteler ce besoin constant d’attention et de precaution sur les chantiers, tant l’évolution des chiffres ne paraît toujours pas satisfaisante.

Le BTP mauvais élève

Comme à l’accoutumée, l’Assurance maladie a publié son livret annuel de sinistralité, multipliant les lignes et les tableaux selon les différents secteurs d’activité. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les données sont – une fois de plus – éloquentes. Au total, l’organisme public a enregistré pour l’année 2021 plus de 604 000 accidents du travail (AT), tous secteurs confondus. Une forte hausse malheureusement attendue, comparativement à l’exercice 2020 qui avait vu ses résultats faussés par les différents confinements liés à la pandémie. Sur ces 604 000 AT, près de 90 000 sont survenus dans le BTP (soit environ 15%), entraînant 5 473 incapacités permanentes et pas moins de 126 décès.

La chute au plus haut

Si l’on réduit le spectre pour se cantonner au domaine de la couverture, ce sont 4 548 accidents du travail qui ont été compilés, soit une augmentation de 15,3% par rapport à l’année précédente. Parmi eux, les chutes de hauteur représentent quasiment 17% des accidents ayant entraîné quatre jours d’arrêt minimum, et 26% des nouvelles incapacités permanentes pour le BTP. Surtout, elles ont encore été la cause de 24 décès. Alors bien sûr, toute proportion gardée, cette simple donnée peut paraître marginale en termes de volume pur, comparée aux accidents entraînés par la manutention manuelle (qui cumule à elle seule la moitié du nombre total d’accidents déclarés) ou aux accidents de la route dans le cadre du travail. Malheureusement, le taux de létalité des chutes de hauteur n’est pas à prendre à la légère : elles sont toujours la deuxième cause de mortalité au travail après les accidents de la route, et la troisième cause d’incapacité permanente.

Trop lente diminution

Petite éclaircie néanmoins dans cette nuée de chiffres bien sombres: le nombre de morts tend à diminuer progressivement. 53 décès en 2016, 45 en 2017, 49 en 2018, 33 en 2019, 26 en 2020 et donc 24 en 2021… La tendance est nette, et c’est tant mieux. Preuve supplémentaire que les efforts de prévention des pouvoirs publics et des organismes dédiés commencent à payer. Les ministères du Travail et de la Santé ont depuis plusieurs années déjà pris la mesure de l’importance de la sécurité au travail, et des organismes tels que l’Organisme professionnel de prévention du BTP (OPPBTP), l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) ou encore la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (Cnamts) multiplient les campagnes et autres opérations de sensibilisation à la prévention.

Prise de conscience

La principale d’entre elles, « Travaux en hauteur, pas droit à l’erreur », a été lancée voici près de dix ans suite au travail conjoint des trois organismes précités. Dans sa quête de sensibilisation, la campagne se matérialise par un site Internet dédié (chutesdehauteur.fr) regroupant de nombreux conseils autour de l’organisation du chantier, des équipements nécessaires ou des dispositifs de formation existants. L’OPPBTP a également développé quelques outils ludiques tels que Prev’en Quiz – un questionnaire en ligne pour tester les connaissances en matière de prévention des jeunes en formation –, ou pour les plus aguerris l’application Check Chantier, qui propose un accompagnement afin de réaliser les vérifications obligatoires des échafaudages et générer des rapports, contrôler les engins de chantier, consulter des documents et vidéos, contacter un conseiller en prévention en ligne ou encore alerter les secours en cas de besoin…

À l’aise… et élégant

En sus des instances officielles, les salons dédiés se multiplient, à l’image des événements Preventica ou Expoprotection. Les salons du bâtiment plus généralistes, du type Batimat ou Artibat, ne sont évidemment pas en reste et accordent la plupart du temps une large place aux fabricants d’équipements. De quoi renouveler ses EPI, mais pas seulement: souvent négligé par le passé, le confort de l’artisan (et du couvreur en particulier) gagne en visibilité – peut-être aussi grâce à la tendance actuelle au bien-être –, et les offres de workwear confèrent désormais à leurs porteurs confort, sécurité… et style. Sélection – non exhaustive – à découvrir au fil des pages suivantes.

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