LA ZAC BASTIDE-NIEL EST EN TRAIN DE SORTIR DE TERRE RIVE DROITE. L’ANCIENNE FRICHE BORDELAISE SE TRANSFORME EN UNE ZONE ULTRAMODERNE, MULTIPLIANT LES ÉDIFICES LES PLUS ÉTONNANTS D’UN POINT DE VUE ARCHITECTURAL. EDILIANS A HABILLÉ L’UN D’ENTRE EUX. REPORTAGE.
A Bordeaux, il n’y a pas que ces petites maisons en pierre typiques, et la Garonne n’a pas qu’une seule berge. Sur l’autre rive, passé le pont de Pierre, une ancienne friche industrielle et ferroviaire se transforme, rebaptisée ZAC Bastide-Niel : 35 hectares sur lesquels des bâtiments hyper-modernes poussent dans 128 îlots qui deviendront un écoquartier associant performance énergétique et faible impact environnemental. Aucun bâtiment en forme de cube ici, les architectes s’en donnent à cœur joie. De loin comme de près, tout n’est que lignes brisées, on ne sait plus démêler le concave du convexe !
Triangulation
En 2019, Delta Construction et BPM Architectes (Bordeaux) ont remporté un concours face à deux concurrents, et ont livré en mai 2023 un bâtiment à qui une volumétrie asymétrique confère l’aspect remarquable d’un triangle évidé en son centre. Dans chaque îlot, des largeurs et des hauteurs devaient être respectées. Le projet se situe à l’intersection de rues existantes et d’autres à créer. Anaïs Villalba, de BPM Architectes, développe : « La parcelle en triangle est un atout que nous avons exploité au maximum. Pour cet ensemble résidentiel aux programmes variés, l’enjeu était de réaliser trois entités bien distinctes, totalement indépendantes les unes des autres dans leur fonctionnement. » Les trois côtés de la parcelle permettent également de séparer distinctement les trois types d’usage de manière proportionnée : « L’entité la plus au sud est
Chantier
dédiée au centre d’accueil des demandeurs d’asile (Cada). Pour la résidence sociale étudiante, nous avons souhaité matérialiser les deux côtés nord et sud-est du triangle en deux ailes qui convergent et s’entrecroisent. Pour les logements étudiants en accession, nous avons privilégié la pointe du triangle avec une aile sud-est et, au centre, un cœur d’îlot. » Si le bâtiment culmine en R+12, le R+10 est le dernier étage habité (hauteur: 27,52 m). Sa densité diminue au fur et à mesure que le bâtiment s’élève. L’ensemble revêt alors une identité remarquable, avec un point culminant. Le bâtiment du Cada s’étend jusqu’au R+3, les logements étudiants en accession jusqu’au R+7, et la résidence sociale étudiante jusqu’au R+10.
Relief multi-facettes
Le bâtiment est recouvert en toiture et en bardage de tuiles Diamant à relief multi-facettes. La couleur gris argenté offre des variations tout au long de la journée au gré des facettes et de la couleur du ciel : « Les cinq facettes de la tuile brillent de manière différente, ce qui nous a séduits », se souvient l’architecte. Le bâtiment change donc de teinte au fil des heures, participant à l’identité de l’îlot. La tuile en terre cuite Diamant Huguenot fabriquée par Edilians présente de nombreuses qualités: garantie trente ans, elle offre une importante inertie thermique, de qualité et pérenne. S’agissant d’un produit catalogue, elle a l’avantage de pouvoir compter sur plusieurs accessoires qui facilitent sa pose. Pour la mise en œuvre en façade, elle est obligatoirement fixée par vis inox et, dans le cas présent, sur des liteaux en pose traditionnelle avec crochet de fixation en partie basse sur emboîtement – crochet ensuite recouvert donc non visible. La gouttière n’est pas apparente, car le format des chéneaux encastrés est peu ou prou équivalent à la longueur d’une tuile.
Un Max d’énergie renouvelable
Les tuiles photovoltaïques installées en toiture ont également été fournies par Edilians. Les Solaire Max sont considérées comme un accessoire de la tuile Diamant. Plus légères et maniables, elles offrent une plus grande flexibilité d’installation que des panneaux solaires traditionnels. Grâce à des châssis adaptés, les tuiles solaires garantissent
elles-mêmes l’étanchéité de la toiture et épousent véritablement la couverture. De même, elles ont l’avantage d’offrir une intégration fonctionnelle optimale. Les tuiles photovoltaïques se fondent sans surépaisseur avec la tuile posée. « Le châssis des tuiles photovoltaïques peut s’intégrer aux tuiles Edilians, mais également aux tuiles de la concurrence ou à des ardoises », détaille Eric Lebeau, directeur national de la prescription chez Edilians. Elles s’insèrent dans le gabarit des tuiles, s’intégrant ainsi à l’ensemble. En plus, la teinte de la tuile photovoltaïque correspond parfaitement au coloris argenté de la tuile Diamant. Au total, 3 077 m2 de tuiles ont été posés, dont 1 318 m2 sur une toiture pointant à 38,6 m de hauteur avec une pente de 45 degrés, et 1 759 m2 en bardage. En sus, 895 tuiles solaires de 16 cellules ont été mises en œuvre sur 370 m2 pour une production de 75 Wc par tuile, soit 67 125 Wc. Le bâtiment produisant plus qu’il ne consomme, l’électricité supplémentaire est revendue sur le réseau. Un défi réussi pour cet édifice visuellement et techniquement surprenant, qui s’intègre parfaitement dans ce nouvel écoquartier.
Corde et sécurité
La pose a été effectuée par l’entreprise Pyrénées Charpente (Agos-Vidalos, Hautes-Pyrénées), assistée par un sous-traitant spécialisé dans le travail sur corde tendue du fait de l’impossibilité d’échafauder! Pour procéder à l’entretien et aux réparations, l’accès aux toitures se fait par des châssis de toit pour les versants du bâtiment logements étudiants, et par la terrasse en R+4 permettant un accès direct à la toiture. Pour la circulation du personnel, des crochets et lignes de vie permettent les déplacements sur les toitures à l’aide d’un kit complet de travail en sécurité (harnais, mousqueton, anneau de sangle et coulisseau avec corde). Les crochets supports de la ligne de vie sont fixés à la charpente.
