{"id":1901,"date":"2021-10-20T11:50:52","date_gmt":"2021-10-20T09:50:52","guid":{"rendered":"https:\/\/www.toituremagazine.com\/?p=1901"},"modified":"2023-03-31T11:23:40","modified_gmt":"2023-03-31T09:23:40","slug":"ca-roule-pour-la-toiture-de-saint-philippe-2","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/www.toituremagazine.com\/2021\/10\/20\/ca-roule-pour-la-toiture-de-saint-philippe-2\/","title":{"rendered":"\u00c7a roule pour la toiture de Saint-Philippe!"},"content":{"rendered":"

SOUS \u00c9CHAFAUDAGE ET PARAPLUIE DEPUIS SEPT ANS, L\u2019\u00c9GLISE PARISIENNE SAINT-PHILIPPE-DU-ROULE SORT ENFIN DE SON INTERMINABLE ATTENTE: LA PREMI\u00c8RE DES TROIS PHASES DU VASTE CHANTIER DE R\u00c9NOVATION DES TOITURES A D\u00c9BUT\u00c9. POUR UNE COUVERTURE D\u2019ARDOISES FLAMBANT NEUVE EN 2021. REPORTAGE.<\/em><\/strong><\/p>\n

La patience est une vertu qui s\u2019acquiert\u2026 avec le temps, para\u00eet-il. Un adage que les habitants et catholiques pratiquants du VIIIe arrondissement de Paris ont d\u00fb int\u00e9grer \u00e0 leurs d\u00e9pens durant plusieurs ann\u00e9es, \u00e0 travers leur paysage quotidien. C\u2019est en effet depuis 2012 que la c\u00e9l\u00e8bre \u00e9glise Saint-Philippe-du-Roule, construite \u00e0 la fin du XVIIIe si\u00e8cle et remani\u00e9e deux fois au cours du XIXe, restait cach\u00e9e aux yeux des passants par un vaste \u00e9chafaudage de 24 000 m2, lui-m\u00eame prot\u00e9g\u00e9 par un parapluie. Celui-ci a d\u2019ailleurs \u00e9t\u00e9 achet\u00e9 par la Ville de Paris lors de la mise hors d\u2019eau de l\u2019\u00e9difice, les \u00e9diles ne sachant alors pas quand les travaux seraient envisageables. Une longue attente finalement r\u00e9compens\u00e9e par le chantier entam\u00e9 l\u2019hiver dernier, et confi\u00e9 \u00e0 la division \u00cele-de-France de l\u2019entreprise de couverture sp\u00e9cialis\u00e9e en monuments historiques, Le Bras Fr\u00e8res, dont le si\u00e8ge se situe \u00e0 Jarny (54). La restauration concerne l\u2019ensemble des toitures du monument: la verri\u00e8re z\u00e9nithale de la chapelle axiale, la vo\u00fbte \u00e0 caissons de la nef, les vitraux des baies hautes, les bras du transept ainsi que les charpentes d\u2019\u00e9poque, et bien \u00e9videmment des ardoises de couverture. Huit millions d\u2019euros ont \u00e9t\u00e9 d\u00e9bloqu\u00e9s par la Mairie de Paris dans le cadre de son vaste Plan \u00c9glise pour la sauvegarde des \u00e9difices cultuels, initi\u00e9 en 2015.<\/p>\n

Acc\u00e8s et logistique<\/strong><\/p>\n

Les ardoises pr\u00e9c\u00e9dentes ont toutes \u00e9t\u00e9 d\u00e9pos\u00e9es en d\u00e9cembre 2018, pour \u00eatre remplac\u00e9es par des neuves fournies par le fabricant allemand Rathscheck. Environ 110 000 ardoises seront pos\u00e9es au total, pour \u00e0 peu pr\u00e8s 700 m2 de toiture par phase de chantier. La premi\u00e8re phase \u2013 un versant de 20 m\u00e8tres de longueur pour une pente moyenne de 37 degr\u00e9s \u2013 est men\u00e9e par Adrien Beaugendre, conducteur de travaux chez Le Bras depuis deux ans et consacr\u00e9 meilleur ouvrier de France en 2015. \u00ab La division \u00cele-de-France de Le Bras a \u00e9t\u00e9 ouverte il y a deux ans afin que la soci\u00e9t\u00e9 soit plus r\u00e9active pour ce qui concerne les chantiers parisiens, rappelle le responsable. Notre effectif comprend une quinzaine de couvreurs et d\u2019apprentis, six d\u2019entre eux en moyenne \u0153uvrant sur Saint-Philippe jusqu\u2019\u00e0 fin octobre pour la premi\u00e8re phase. \u00bb Le chantier, entrepris depuis plusieurs mois, n\u2019a pas \u00e9t\u00e9 sans poser quelques probl\u00e8mes dus \u00e0 sa localisation. \u00ab L\u2019\u00e9chafaudage a \u00e9t\u00e9 pos\u00e9 \u00e0 l\u2019\u00e9poque sans penser aux futurs travaux, d\u00e9plore Adrien Beaugendre. Un chantier dans Paris est toujours compliqu\u00e9, mais dans le cas pr\u00e9sent nous nous sommes heurt\u00e9s \u00e0 de v\u00e9ritables casse-t\u00eate concernant les acc\u00e8s, les approvisionnements et les livraisons\u2026 le tout dans de courts d\u00e9lais! \u00bb<\/p>\n

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Adrien Beaugendre, conducteur de travaux sur le chantier, devant l\u2019abside en \u00e9caille<\/strong><\/em><\/p>\n

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Coyaux et ar\u00eatiers<\/strong><\/p>\n

Une partie de la charpente d\u2019origine a \u00e9t\u00e9 restaur\u00e9e tandis que des pans de bois ont \u00e9t\u00e9 compl\u00e8tement remplac\u00e9s. Le voligeage en sapin a \u00e9galement \u00e9t\u00e9 refait \u00e0 neuf afin d\u2019ancrer au mieux les ardoises avec des clous carr\u00e9s crant\u00e9s en cuivre fournis par le fabricant belge Connecton. Deux mod\u00e8les d\u2019ardoises Domaine Sin 150 sont utilis\u00e9s, pour une pose classique non brouill\u00e9e au pureau de 11 cm en moyenne : majoritairement en 30\/22 cm, et en 32\/22 cm pour les coyaux pr\u00e9sents sur chaque versant. \u00abNous avons travaill\u00e9 en ar\u00eatiers trois biaises, pr\u00e9cise le conducteur de travaux, sauf au niveau du coyau o\u00f9 nous passons en quatre biaises du fait de la diff\u00e9rence d\u2019inclinaison. \u00bb Entre les pentes et les coyaux, le tra\u00e7age a demand\u00e9 un travail minutieux en amont. \u00ab Le degr\u00e9 de la pente n\u2019est pas forc\u00e9ment le m\u00eame entre les versants et les croupes, souligne Adrien Beaugendre. Pour parer \u00e0 cela, nous avons commenc\u00e9 par les versants, puis les croupes, pour retourner l\u2019ar\u00eatier et \u00e9viter les diff\u00e9rences de hauteur. \u00bb<\/p>\n

Environ 110 000 ardoises seront pos\u00e9es au total , pour \u00e0 peu pr\u00e8s 700 m2 de toiture par phase de chantier<\/p><\/blockquote>\n

Ouvrages sp\u00e9cifiques<\/strong><\/p>\n

Outre aux alignements d\u2019ardoises des versants, les couvreurs se sont heurt\u00e9s \u00e0 des t\u00e2ches fort complexes. Parmi elles, la r\u00e9alisation d\u2019une abside en \u00e9cailles. \u00ab La pose des ardoises a \u00e9t\u00e9 effectu\u00e9e sans d\u00e9change, en jouant avec leur r\u00e9tr\u00e9cissement. \u00bb Les ardoises sont accompagn\u00e9es d\u2019un membron en plomb et d\u2019un ch\u00e9neau cintr\u00e9, ainsi que d\u2019un devant de socle et d\u2019une main courante \u00e9galement cintr\u00e9s. Le fa\u00eetage cinq pi\u00e8ces pr\u00e9sente quant \u00e0 lui une forme arrondie et sera r\u00e9alis\u00e9 en plomb avant d\u2019accueillir une pointe de paratonnerre. \u00c0 c\u00f4t\u00e9 des ardoises, le plomb est l\u2019\u00e9l\u00e9ment de couverture le plus pr\u00e9sent. Du plomb lamin\u00e9 de 3,5 mm d\u2019\u00e9paisseur avec ourlet est notamment utilis\u00e9 pour r\u00e9aliser les chemins de marche pr\u00e9sents sur chaque versant, et se retrouve \u00e9galement pour le dessus des trois lucarnes, pour les ch\u00e9neaux, les terrassons ou encore pour l\u2019habillage des poteaux de lucarne. Absentes du b\u00e2timent jusqu\u2019alors, des bo\u00eetes \u00e0 eau seront ajout\u00e9es. La vaste verri\u00e8re \u00e0 cheval sur les deux versants sera trait\u00e9e ind\u00e9pendamment, mais \u00ab ses c\u00f4t\u00e9s seront recouverts de bardage cuivre naturel de 8\/10e d\u2019\u00e9paisseur, pos\u00e9 par agrafage par joint plat avec diff\u00e9rentes largeurs pour l\u2019esth\u00e9tique \u00bb. Enfin, 30 passe-cordes seront install\u00e9s pour la ventilation. Un chantier d\u2019envergure donc pour cet \u00e9difice symbolique du patrimoine parisien, qui b\u00e9n\u00e9ficie enfin
\nde la r\u00e9novation due \u00e0 son importance.<\/p>\n

Un peu d\u2019Histoire\u2026<\/strong><\/p>\n

L\u2019\u00e9glise Saint-Philippe-du-Roule est le fruit de la volont\u00e9 de Louis XV de b\u00e2tir un sanctuaire cultuel au faubourg du Roule, village int\u00e9gr\u00e9 \u00e0 Paris en 1722. L\u2019architecte Jean-Fran\u00e7ois Chalgrin fut charg\u00e9 de sa construction, entre 1774 et 1784. Deux clochers pr\u00e9vus au niveau des chapelles lat\u00e9rales n\u2019ont jamais \u00e9t\u00e9 b\u00e2tis faute de financement. Ferm\u00e9 \u00e0 la R\u00e9volution, l\u2019\u00e9difice est rendu au culte d\u00e8s 1795, et redevient paroisse en 1802. Pour r\u00e9pondre \u00e0 l\u2019accroissement de la population, l\u2019\u00e9glise a \u00e9t\u00e9 agrandie en 1845 par l\u2019architecte \u00c9tienne-Hippolyte Godde, puis en 1853 par Victor Baltard.<\/p>\n

Brice-Alexandre Roboam<\/em><\/strong><\/p>\n

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