MOF de père en fils L’étonnant parcours de François Auger

FRANÇOIS AUGER NOUS RACONTE SON PARCOURS ATYPIQUE D’APPRENTI, COMPAGNON, CHARPENTIER, MOF PUIS ARCHITECTE DU PATRIMOINE, NOTAMMENT SUR LA GRANDE FLÈCHE DE NOTRE-DAME DE PARIS…

J’ai passé mon concours MOF [charpente et construction bois, NDLR] en Guyane en 2004 parce qu’il y avait des bois magnifiques, précieux, semi-précieux, et j’avais pensé que ça ferait une belle maquette. Je travaillais en Guyane depuis quelques années et j’ai passé ce concours pour vérifier que je n’avais pas perdu la main… Je suis de Montargis (Loiret), issu d’une famille de six générations de couvreurs. Mon père, Michel Auger, a également été MOF, en 1968. J’allais sur les chantiers avec lui, il me faisait faire des petits travaux et déjà, tout petit, je bricolais… J’ai commencé comme apprenti à l’âge de 16 ans, ensuite j’ai fait mon tour de France en tant qu’aspirant charpentier en Bretagne, à Marseille, à Strasbourg, à Bordeaux, à Paris… Je suis allé travailler en Arabie saoudite pour construire un palais pour un prince, nous avons fait, avec deux autres Compagnons charpentiers, une sculpture pour le salon Batimat en 1989 – cette sculpture, l’« Anneau de Moebius », mesurait 9 m de haut. Je suis allé travailler sur l’île de la Réunion pour aider au levage d’une charpente d’église. Puis mon ancien maître d’apprentissage m’a sollicité pour faire une église contemporaine Guyane, où je suis resté dix-neuf ans.

Quand j’ai vu cette immense forêt amazonienne, j’ai eu envie de construire ma propre maison en bois en m’inspirant de l’architecture créole, avec des lambrequins chantournés et des impostes aux motifs décoratifs audessus des fenêtres. J’ai mis trois ans à la construire, les week-ends car je travaillais comme artisan la semaine pour payer mes remboursements de crédit. J’ai habité sur mon propre chantier dès que j’ai pu monter un plancher, quatre murs et le toit. J’étais alimenté par le compteur électrique du chantier. Une palette et un tuyau d’arrosage à l’extérieur faisaient office de salle d’eau.

 

Le chef-d’oeuvre de François Auger pour le concours MOF 2004.

 

Durant mon périple en Guyane, j’ai eu l’occasion de travailler sur des chantiers passionnants : la Maison de la réserve des marais de Kaw sur pilotis, des restaurations de maisons créoles, la charpente du plateau sportif du lycée Félix-Éboué, qui était une structure tridimensionnelle courbe de 27 m de portée, ainsi qu’une maison flottante… J’ai sympathisé avec plusieurs architectes qui venaient à l’atelier le samedi matin pour échanger avec nous sur leurs projets d’architecture bois.

Je me suis inscris au 22e concours de MOF, car le sujet me plaisait : une tour en forme de bulbe s’imbriquant dans une autre de forme incurvée, un tracé complexe notamment au niveau du raccord. Il fallait donc maîtriser l’art du trait de charpente (qui est reconnu par l’Unesco comme patrimoine immatériel). Pour mettre en valeur la maquette, j’ai choisi le satiné rubané qui est un magnifique bois à dominance rouge. La journée, je travaillais comme artisan pour mes clients ; les soirs de semaine et les week-ends étaient consacrés à l’édification de mon chef-d’oeuvre.

 

POUR LIRE LA SUITE DE L’INTERVIEW COMMANDEZ TOITURE MAGAZINE N°28 : JE COMMANDE 

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