Les Trophées Aléonard reprennent leurs habitudes

Après une édition 2020 annulée en raison de la crise sanitaire et de l’incertitude qu’elle a engendrée, les Trophées Aléonard sont de retour. Toute l’équipe de Wienerberger a mis les petits plats dans les grands pour dévoiler en octobre dernier le palmarès de la XVIe édition de son concours annuel consacré à sa marque historique de tuiles terre cuite : une réception au Bastion des Hospices de Beaune – exemple s’il en est de couverture réussie –, dans cette ambiance conviviale qui caractérise le fabricant et séduit les couvreurs et architectes venus en nombre pour ces retrouvailles. De quoi contenter tous les participants, même ceux qui n’ont pas reçu de prix ; car sur les 41 dossiers déposés, seuls cinq ont été récompensés. Retour en images sur un concours qui reflète un savoir-faire d’exception ainsi que l’attractivité esthétique et architecturale de la tuile terre cuite.

Dossier réalisé par Brice-Alexandre Roboam

MONUMENT HISTORIQUE

Le trophée Monument historique a été attribué à l’entreprise BH&F, basée à Semarey (60), associée à l’architecte François Peyre de Semur-en-Auxois (21) pour la rénovation de l’église de Meilly-sur-Rouvres (21).

Hasard du concours, le projet primé dans la catégorie Monument historique n’est situé qu’à une quarantaine de kilomètres de Beaune, lieu de remise des Trophées. L’église Saint-Aignan est l’unique édifice religieux de deux communes voisines au cœur de l’Auxois, Meilly-sur-Rouvres et Rouvres-sous-Meilly – village natal de Jeanne Rozerot, maîtresse d’Émile Zola et mère de ses enfants. Érigé au XIIe siècle, ce lieu de culte a été consacré en 1485 et inscrit aux Monuments historiques en juin 1927. Après plusieurs réparations de fortune en 1860 puis pendant les années 1980, l’église a fait l’objet d’une vaste campagne de restauration initiée en 2013. Une collecte de dons ayant été lancée en 2018 par l’intermédiaire de la Fondation du patrimoine, les travaux de rénovation des façades et de la toiture ont débuté l’année suivante. Le chantier de couverture, confié à l’entreprise BH&F, s’est déroulé durant l’année 2020, en plein confinement. L’architecte chargé du projet, François Peyre, avait décidé de conserver entièrement la charpente d’origine afin de préserver au maximum l’authenticité de l’édifice – un argument qui a particulièrement séduit le jury. La couverture de 932 m2 présente également un panachage très réussi de trois coloris de tuiles Monuments historiques du fabricant Aléonard en deux formats, réalisé préalablement au sol avant la pose : noir de vigne en 17 x 27 (20%) et en 17 x 18 (21%), rouge de mars en 17 x 27 (15%) et vert de lichen en 17 x 27 (44%). Outre l’esthétique et la maîtrise technique des différents points singuliers, le jury a souhaité mettre en avant le savoir-faire indispensable à la mise en œuvre du pureau brouillé, qui donne un effet de « vibration » – et là encore d’authenticité – à l’ensemble de la couverture.

PREMIER CHANTIER

L’entreprise Nouveau & Myotte, de Salins-les-Bains (39), a remporté le trophée Premier Chantier en association avec l’architecte du patrimoine Bertrand Cohendet de Dole (39), pour la couverture de l’hôtel particulier Isabey à Besançon (25).

La catégorie Premier Chantier récompense une entreprise qui a réalisé pour la première fois un ouvrage avec au moins une référence de tuile Aléonard. Mais quelle première fois pour Nouveau & Myotte ! La société jurassienne a reçu le Trophée pour la rénovation de la toiture de l’hôtel Isabey, un hôtel particulier situé au cœur de Besançon dans le quartier de La Boucle, enclavé par le Doubs qui traverse la cité. Conçu par l’architecte Claude-Antoine Colombot, l’édifice a été construit en 1775 pour l’avocat au Parlement Antoine-Joseph Isabey – qui lui donnera son nom. Moins d’un siècle plus tard, la demeure connaît de légères modifications, comme l’ajout d’un jardin d’hiver, mais conserve son traditionnel plan en U. Après avoir abrité la Chambre de métiers et de l’artisanat du Doubs depuis le milieu du XXe siècle, le bâtiment a récemment été réhabilité pour devenir un immeuble d’habitation de 1 327 m2 divisé en appartements. Le projet a été supervisé par l’architecte Bertrand Cohendet, et le chantier de couverture confié à Nouveau & Myotte. Les 1 025 m2 de toiture ont été recouverts d’un panachage méticuleux de cinq coloris et deux formats de tuiles Monuments historiques: noir de vigne en 17 x 27 (4%) et en 17 x 28 (5%), rouge de mars en 17 x 27 (13%) et en 17 x 28 (14%), vert de lichen en 17 x 27 (9%) et en 17 x 28 (9%), vieilli naturel en 17 x 27 (18%) et en 17 x 28 (19%), brun émaillé en 17 x 27 uniquement (9%). De par sa complexité, ce panachage avait été étudié en amont du chantier, et une pose à pureau brouillé adoptée d’emblée. Le jury a particulièrement apprécié la finesse des arêtiers fermés grâce à l’utilisation de la tuile et demie – une architecture typique des bâtiments bisontins et des alentours, de même que les tavaillons mis en œuvre sur les joues des lucarnes.

RÉNOVATION

Le trophée Rénovation a été décerné à la société Thevenet Couverture, située à Chasné-sur-Illet (35), pour la rénovation de la toiture de l’église Saint-Maurice de Treteau (03).

Le trophée Rénovation vient récompenser cette année l’entreprise bretonne Thevenet Couverture pour le très délicat chantier de l’église Saint-Maurice de Treteau, dans l’Allier. Bâti au XIIe siècle et composé d’une nef romane de trois travées, l’édifice religieux a vu son transept saillant entièrement remanié en 1871 avec la construction de l’abside et des absidioles en hémicycle, rendant ainsi l’architecture de la toiture particulièrement spécifique – et par extension sa rénovation très complexe. Tout le savoir-faire de l’entreprise Thevenet Couverture a été mis en œuvre pour mener à bien ce projet, qui réunit de nombreux points techniques: l’abside principale bien sûr, les deux absidioles, la queue d’aronde sur jonctions d’absides, les versants inégaux… 469 m2 de concentré technique donc, où les couvreurs ont notamment dû perdre volontairement des rangs et ce, sans traçage préalable possible. Un véritable défi relevé par l’entreprise, qui mérite amplement son Trophée. Les tuiles Saint-Vincent ont été sélectionnées pour cette réalisation, en 16 x 27 coloris rouge ardent (91%) et ambre clair (9%). La catégorie Rénovation est celle qui a réuni le plus de candidats: 26 dossiers déposés. L’édifice vainqueur n’étant ni inscrit ni classé aux Monuments historiques, il lui était tout à fait permis de concourir dans cette catégorie. Néanmoins, compte tenu de l’iniquité entre un projet de rénovation modeste et la restauration d’un édifice plus important bien que non classé aux Monuments historiques, les organisateurs du concours ont décidé pour la prochaine édition de scinder la catégorie Rénovation en deux : Demeure Aléonard d’un côté, Édifice et Patrimoine de l’autre.

PRIX SPÉCIAL DU JURY

Le Prix spécial du jury est attribué à l’entreprise Gourdon, basée à Lavannes (51), pour la rénovation du Familistère de Guise (02).

Il n’est pas une édition des Trophées Aléonard sans Prix spécial du jury. Véritable solution de secours permettant de récompenser un ouvrage « délaissé » dans les catégories traditionnelles, ce prix donne au jury l’occasion de valoriser une entreprise supplémentaire, très souvent pour une réalisation remarquable du point de vue technique ou esthétique. Voire les deux pour l’édifice primé cette année, le Familistère de Guise, grâce auquel la société champenoise Gourdon repart avec ce Trophée prestigieux. Il faut dire que le projet vaut le coup d’œil. Classé Monument historique depuis 1991, le Familistère est l’œuvre de l’industriel Jean-Baptiste André Godin qui, dans un idéal socialiste de redistribution, l’a fait bâtir entre 1859 et 1884 pour y accueillir ses ouvriers et leurs familles, en leur apportant les « équivalents de la richesse ». Expérimentation sociale, l’édifice comprend plusieurs ensembles de bâtiments, dont le Palais social, le bâtiment des écoles et du théâtre, le bâtiment des économats… entre autres. Transformé en musée en 2010, il a connu une phase de restauration des couvertures des « tourelles », soit 525 m2 confiés aux bons soins de l’entreprise Gourdon. Le défi était de taille compte tenu de la complexité des toitures, entre nombreuses ouvertures, pentes raides ou galbées et tuiles écaillées. Le projet comprenait des liteaux métalliques, impliquant un pureau précis de 8,25 sans changement possible, et des lucarnes en béton et zinc. Les couvreurs ont également fait face à différentes noues fermées faisant la jonction entre les tourelles et les rampants cintrés, et compliquant le raccord entre les arêtiers. Les coloris des tuiles émaillées étaient imposés, et ce sont donc les tuiles Émaillées en 15 x 26 ambre jaune n° 2, onyx brun n° 3 et émeraude vert n° 2 qui sont venues s’intercaler entre les plus classiques et dominantes tuiles Pontigny en 15 x 26 écaille rouge naturel. Compte tenu de la spécificité de l’architecture, toutes les tuiles ont dû être attachées au fil de cuivre – fil lui-même enrobé afin d’éviter le phénomène de corrosion galvanique au contact avec le fer. Une réalisation originale, qui aura nécessité pas moins de quatre années de chantier pour être menée à bien.

COUP DE CŒUR DES INTERNAUTES

L’entreprise Lechallard (27) a su séduire les internautes avec la rénovation de la grande charreterie de Sainte-Colombe-la-Commanderie (27).

Monde Monde 15 ans garage / charreterie Entreprise Lechallard LEMOINE Gerald gerard.lemoine21@orange.fr 06 50 16 68 13 Tuile Aleonard Patrimoine 50% en 16×27 50% en 15×26 296m? 46% rouge de mars 32% noir de vigne 22% vert de lichen Aleonard

Depuis 2017, les Trophées Aléonard se déroulent également sur Internet. Et pour cette édition, la formule a légèrement évolué. Comme son nom l’indique, le Coup de cœur des internautes est le fruit de la décision du public ayant voté sur le Web, désormais sur trois plateformes dédiées (soit deux de plus que lors des éditions précédentes) : le nouveau site Internet de la marque Aléonard, sa page Facebook et son profil LinkedIn. Trente-cinq projets issus des catégories Premier Chantier et Rénovation étaient en compétition pendant un peu moins d’un mois, et les quelque 2 000 votants ont choisi comme projet préféré la rénovation de la grande charreterie de Sainte-Colombe-la-Commanderie, dans l’Eure, récompensant par là même l’entreprise locale Lechallard. Bâtiment emblématique des campagnes normandes, le projet de 296 m2 ne manque pas de panache – et c’est bien un panachage d’orfèvre qui a séduit l’œil des votants. Le rendu esthétique est réussi, avec trois coloris et deux formats de tuile Esprit patrimoine en 16 x 27 et 15 x 26 : rouge de mars à hauteur de 46%, noir de vigne à 32% et enfin vert de lichen pour 22% de la toiture. Sans être l’argument principal des votants, la technique n’était néanmoins pas absente de ce chantier, avec notamment des noues fermées à noquets autour des lucarnes et une faîtière vernissée avec crête arrondie.

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